Visite à la ferme Simples’EN’vies, à Beauvène.

La ferme Simples’EN’vies, à Beauvène, une petite commune située à 650m d’altitude tout près de Chalencon, accueille régulièrement les élèves de la formation IFH, qui peuvent, guidés par Nolwenn Roesch, visiter les parcelles et apprendre beaucoup de choses sur la culture des plantes aromatiques et médicinales. Installés en 2012, Georges Pagani et Nolwenn Roesch ont mis toute leur passion dans leur ferme et cultivent, transforment, et vendent leurs produits bio à base de plantes et de châtaignes en magasin de producteurs et sur leur boutique en ligne.
Nolwenn et Georges à la récolte du bleuet, de la mauve et du thym-serpolet.

ARH : Bonjour Nolwenn, comment vous êtes-vous intéressée aux Plantes ?

Nolwenn Roesch : Il y a un historique familial à la base. Avec une sensibilisation de la part de ma grand-mère et de ma maman qui, couramment, utilisaient des plantes médicinales comme médecine de famille pour se soigner ! J’ai vraiment connu ça dans mon enfance : on allait de temps en temps faire des cueillettes, on se soignait avec des tisanes, ou avec des extraits de plantes, mais pas uniquement. J’ai grandi dans une ferme, j’avais donc un attrait pour le végétal, pour le jardin… Tout cela combiné, après plusieurs étapes dans ma vie, m’a amené à m’occuper d’un jardin médicinal.

Est-ce que c’est une reconversion ?

Oui. J’ai d’abord fait une formation d’ingénieur paysagiste, dans une école d’agronomie, l’Institut National d’Horticulture et de Paysages sur le campus d’Angers. J’ai travaillé quelques années en tant qu’ingénieur paysagiste, en aménagement du territoire. Ensuite est venue cette reconversion. Je me suis surtout formée sur le côté agricole. J’ai fait une partie d’un BPREA spécifique sur les plantes médicinales au CFPPA de Nyons : une semaine pour la partie « Production Plantes Médicinales et Aromatiques » complété par 2 modules : un sur la cueillette en milieu sauvage et l’autre sur les transformations. Je n’ai pas de formation en herboristerie, ou en conseil. Donc après le BPREA  j’ai suivi des petites formations courtes pendant quelques années : sur la distillation, la fabrication de savon, le conseil pour la vente en phytothérapie, la biodynamie sur divers domaines mais très spécifiquement en lien avec les plantes.

Paniers bien remplis avec les cueillettes journalières (bouillon blanc, bleuet, mauve)

Et ces formations mises bout-à-bout, vous ont permis de vous former de façon assez complète je suppose ?

C’est vrai, mais les apprentissages les plus importants se font en étant dans le jardin tous les jours. En prenant le temps d’observer les plantes, en prenant le temps de voir comment les plantes évoluent, et en les utilisant aussi couramment à la maison. Baigner dans cet univers, être attentif tous les jours dans le jardin dans toutes les étapes qu’on mène pour accompagner les plantes, permet d’acquérir des connaissances.

Diriez-vous que vous êtes toujours en apprentissage, que vous apprenez tous les jours quelque chose de nouveau ?

Continuellement. C’est très très vaste, déjà on cultive 60 ou 70 plantes différentes ici sur la ferme, plus une vingtaine en cueillette sauvage ! Le panel de plantes que l’on côtoie tous les jours est donc immense. Sans parler du cycle de la vie d’un jardin. Pour comprendre un végétal il est nécessaire de le suivre durant l’intégralité de son cycle de vie, et l’on n’a pas le temps tous les ans de se concentrer sur toutes les plantes. Chaque année il y a une plante ou deux qui nous appelle et sur laquelle on va être plus attentif. On va approfondir notre relation avec elle, et cela prend toute une année pour comprendre son cycle complet. Ce n’est que l’année suivante que l’on peut répéter ce cycle et voir si ce que l’on a saisi était dû à la plante elle-même ou si des conditions particulières ont joué.

Ce qui me plaît aussi dans ce travail c’est que l’on a beaucoup de domaines d’activités différents : on est beaucoup présent dans le jardin, c’est le cœur de notre travail, mais on fait aussi de la vente directe. Donc on transforme. Et donc arrivent les étapes du travail des plantes après séchage, la transformation, la commercialisation, et s’ajoute à cela le lien avec la clientèle… et puis cela évolue tous les ans, on s’adapte, le climat change, le contexte change, les circuits commerciaux évoluent également, tout cela est en perpétuelle évolution !
Forcément on apprend en même temps dans le jardin et sur beaucoup d’autres aspects, en continu, nous faisons un travail qui n’est pas figé du tout !

Au printemps la serre « bioclimatique » permet de produire l’intégralité de nos plants.

Comment se déroule une journée à la ferme ?

Les journées types évoluent au fil des saisons. On est vraiment liés au rythme des saisons. Le rythme des journées et des activités évolue crescendo vers l’été et redescend pendant l’hiver. Aujourd’hui, début juillet, c’est le jardin qui est au centre des préoccupations. Il y a peu de transformations. Concernant la commercialisation, on fait le minimum, car on avait tout préparé au printemps pour permettre d’être disponible à 100 % pour le jardin en été. On se lève à la fraîche au lever du jour avant les grosses chaleurs, et on fait une grosse matinée. Nos activités principales en juillet sont les récoltes et le désherbage. Chaque plante a son rythme qui va influencer sur la fréquence des récoltes : certaines fleurs devront être cueillies tous les jours, d’autres tous les trois ou quatre jours, et d’autres encore nécessiteront une seule coupe par an. Quand il fait vraiment chaud nous faisons une pause en début d’après-midi puis on reprend en fin d’après-midi. Souvent le matin on fait les récoltes, on met au séchoir vers midi quand la chaleur est au plus haut, et l’après-midi on fait du désherbage, on entretient le jardin.

Achillée, origan en pleine floraison en début d’été.
« on avait la chance que l’ancien propriétaire, agriculteur, avait déjà conduit et certifié les terres en agriculture biologique. »

Est-ce que la biodynamie a été choisie dès le départ, où elle s’est installée peu à peu ?

La biodynamie n’était pas présente au démarrage, mais elle est arrivée très vite quand même. On était en agriculture biologique dès le début, on avait la chance que l’ancien propriétaire, agriculteur, avait déjà conduit et certifié les terres en agriculture biologique.

Culture en terrasse : les murs en pierre sèche permettent de cultiver malgré la forte pente. Verveine et basilic se côtoient.

Pour revenir à la question de la biodynamie, cela s’est ouvert au fur et à mesure des rencontres, avec d’autres producteurs ou herboristes avec lesquels on travaille. On a fait rapidement la connaissance de l’Herboristerie Ariès, en Suisse, créée par Christophe Perret-Gentil et également Les Jardins d’Altaïr, en Dordogne, qui sont en biodynamie. On a fait quelques formations proposées par le MABD (Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique) De fil en aiguille l’intérêt et la curiosité ont grandi car ce que nous découvriions résonnait beaucoup en nous. La formation « Bases et pratiques » du MABD nous a permis de franchir le pas et de mettre en place ces pratiques sur la ferme, en suivant le calendrier lunaire et planétaire, et en utilisant ces préparations biodynamiques. On s’est finalement pris au jeu, car c’est vraiment une vision qui met en lumière des ressentis et intuitions présents profondément en nous.

La biodynamie répond à des questionnements plus vastes : pas uniquement les pratiques agricoles, mais une vision du vivant beaucoup plus large, et cela nous correspond bien ! Depuis quelques années nous sommes certifiés par Demeter qui est l’organisme certificateur pour l’agriculture biodynamique.

la famille des Papavéracées riche en couleurs avec le coquelicot et le pavot de californie.

Comment commercialisez-vous vos produits ?

Nous avons trois circuits différents : d’abord la vente directe, avec toute une gamme de produits créés autour des plantes sèches : tisanes, aromates mais aussi sirops, vinaigres, condiments vendus en magasins de producteurs principalement.

Ensuite on vend des plantes sèches en vrac, pour les herboristes. Ce sont des partenariats bien installés avec plusieurs structures. On fait un prévisionnel en début d’année avec un engagement mutuel sur des quantités et des prix pour chacune des plantes.

Enfin nous avons un partenariat avec le glacier Terre Adélice, à Saint-Sauveur-de-Montagut, un village situé à 25 minutes d’ici, et à qui l’on vend des plantes fraîches. On leur livre chaque semaine pendant la saison pour leur permettre de faire les glaces et sorbets au fur et à mesure de leurs besoins. Ils fabriquent avec nos plantes des glaces à la menthe, à la verveine, au basilic, au thym, à la sarriette, avec de la monarde, du persil… Terre Adélice s’est installée il y a plus de 20 ans, ils proposent leurs glaces à des restaurateurs, des grands chefs… ils mettent au point des glaces ou des sorbets aux parfums un peu atypiques, et sont certifiés 100% en bio. Ils vendent aussi dans des magasins bio de la région Auvergne Rhône-Alpes, ainsi que dans toute la France.

« Il est important d’avoir un retour sur notre production pour savoir si cela correspond toujours bien, aux attentes, s’il y a des choses qu’on pourrait améliorer. »
Basilic, camomille et monarde embaument l’air avec leurs parfums.

Travaillez-vous avec des herboristes qui ne sont pas dans votre région ?

Oui nous expédions partout en France, et même au Japon ! Les plus gros volumes sont destinés à l’Herboristerie Ariès en Suisse et aux Jardins d’Altaïr. Pour ces deux clients nous effectuons nous-mêmes les livraisons. IIs font partie des gens avec lesquels on a beaucoup d’échanges, on prend le temps de visiter leurs jardins, de discuter avec les jardiniers, c’est un temps important pour nous. Il est important d’avoir un retour sur notre production pour savoir si cela correspond toujours bien aux attentes, s’il y a des choses qu’on pourrait améliorer. On a la possibilité chez eux de pouvoir voir des échantillons d’autres producteurs, et à notre niveau, éventuellement de pouvoir réajuster. Ce ne sont pas que des liens commerciaux, des amitiés se sont créées.

La vente en direct se passe aussi sur les marchés ?

On ne fait pas de marchés hebdomadaires. On vend plus sur quelques foires et les marchés de Noël. La vente directe a principalement lieu dans des magasins de producteurs, des épiceries de produits locaux et magasins à la ferme, sur notre territoire, et jusque dans la région de Lyon, mais aussi en Alsace, ma région d’origine, où l’on vend plutôt nos produits à base de châtaignes. Car nous avons aussi un atelier « châtaigne » sur la ferme ! Nous récoltons sur environ 4 hectares de châtaigneraie traditionnelle. Puis on transforme et on vend 2 confitures de châtaignes, une purée de châtaignes sans sucre, des châtaignes au naturel, et en produits secs de la farine et des brisures de châtaignes (des châtaignes séchées et concassées qui se cuisinent comme un riz et permettent d’accompagner une soupe ou une viande, ou bien des légumes)

Bouillon blanc/basilic, menthe verte, consoude et sauge sclarée.

Comment est perçue votre activité par votre entourage ?

Très bien ! On est très bien soutenus par nos familles respectives. La famille nous aide, notamment aux pics d’activité. Pour tout dire, mes parents, voyant le contexte topographique et géographique, étaient un petit peu inquiets au démarrage de mon activité, moi, venant de la plaine d’Alsace. « Tu sais, si les agriculteurs sont partis d’ici, il y a une raison ! C’est pas le plus facile vers lequel vous vous dirigez ! » m’a fait remarquer mon père, qui est agriculteur à la retraite. (rires) Mais très vite il y a eu une totale confiance et ils nous ont accompagnés complètement. Mon père était en bio, il nous a beaucoup épaulés, et étant très bricoleur il nous a même fabriqué des outils, et ma maman nous commercialise nos produits en Alsace ! La mère à Georges nous aide beaucoup pendant la période du pic des récoltes en juin et juillet. C’est une grande chance d’avoir un entourage qui nous soutient beaucoup.

Et au niveau local on a été très agréablement surpris, on a été très bien accueillis. Nous ne sommes pas natifs d’Ardèche, mon compagnon et moi, (Georges, lui, vient de Nice). On a acheté cette ferme, ne venant pas d’ici. Les voisins et agriculteurs du coin, surtout les anciens, nous ont accueillis en se demandant un peu sceptiques « Qu’est-ce que c’est que ces fleurs qu’ils vont faire pousser ?? » Mais ils nous ont laissé faire nos preuves. Ils ont vu qu’on travaille, qu’on arrive à en vivre, et que ça tourne… Alors faire des fleurs ou autre chose ?

Avec le recul aujourd’hui, comment s’est passé cette création d’activité ?

De manière assez fluide. On est arrivés dans la région en ayant ce projet en tête…

« La coopérative nous a permis de nous concentrer sur la mise en place de l’activité et du jardin, et de laisser le reste de côté en attendant. »
Hangar en bois abritant le séchoir et le stock de plantes sèches.

Vous étiez déjà bien préparés en fait.

Dans ma tête oui ! On est arrivés dans la région un peu à cause ou grâce aux hasards de la vie : on avait vécu 3 ans dans la plaine agricole de la Marne lorsque j’étais paysagiste et on cherchait un nouvel endroit où s’installer. On avait envie de changer de cadre de vie. Très rapidement on a vu que le contexte ici nous convenait. C’était très chouette, on s’est très vite intégrés. On s’est très vite installés aussi : il nous a fallu 2 ans, avec un bébé au milieu, pour trouver une ferme, faire le BPREA, et concrétiser le projet, ce qui est plutôt rapide ! On a travaillé plusieurs années avec une coopérative : la S.I.C.A Viva-Plantes qui est située en Sud Ardèche, avec son réseau de producteurs, du coup cela nous a beaucoup soutenu. Cela a permis d’asseoir l’installation rapidement. Commercialement cela nous a épaulé, tout ce qu’on produisait était vendu, grâce au circuit déjà installé. Cela nous a permis de nous concentrer sur la mise en place de l’activité et du jardin, et de laisser le reste de côté en attendant.

Et le côté administratif de l’installation ?

La chambre d’Agriculture nous a aidé pour la partie administrative, et a accompagné l’installation, avec la Dotation Jeune Agriculteur. (aide de l’État et de l’Europe pour les installations agricoles).

Les métiers autour des plantes ont donc de l’avenir ?

Oui !! En tous cas il y a un engouement énorme aujourd’hui, l’intérêt autour des plantes explose, pour se soigner avec les plantes, et pour revenir à des choses plus simples, plus liées au vivant. Beaucoup de gens veulent également en faire leur activité professionnelle, à différents niveaux, dans la production ou dans le conseil. Quand on s’est installés en 2012 c’était déjà le cas, c’était déjà assez dynamique. Dans la coopérative on cotoyait des laboratoires ou des industries agro-alimentaires, des structures plus conséquentes, mais on sentait déjà une tendance à revenir à une production française, plus qualitative et depuis cela n’a fait qu’augmenter !

J’espère que les hommes vont pouvoir reprendre en main leur santé. Se re-responsabiliser par rapport à leur santé, apprendre à s’écouter et à se soigner avec ce qu’ils ont autour d’eux. Il est essentiel au grand public d’avoir des personnes au niveau local qui les accompagnent dans cette transition, qui amènent les plantes qu’ils n’ont pas forcément dans leur jardin, et qui apportent aussi du conseil.

Cela ne se fera pas en un jour, mais oui, tout cela a du sens.

Merci beaucoup Nolwenn.

Produits transformés à base de plantes et de châtaignes, vendus en direct.

Les produits de la Ferme Simples ‘EN’vies :

  • Châtaignes
  • Brisures de châtaignes
  • Farine de châtaignes
  • Conserves de châtaignes entières
  • Crème ou délice de châtaignes
  • Plantes séchées pour tisanes ou assaisonnement
  • Vinaigres de plantes
  • Sirops de plantes

Les châtaignes sont labellisées AOP Châtaignes d’Ardèche.
Elles proviennent d’arbres de variétés anciennes traditionnelles telles que Comballe, Merle, Garinche.
Les plantes aromatiques et médicinales proviennent exclusivement de cultures et de cueillettes en milieu naturel préservé sur les terres de la ferme.
Elles sont séchées immédiatement dans un séchoir à basse température, auto-construit, adapté et garantissant la préservation des qualités gustatives et thérapeutiques.
Tous les autres ingrédients utilisés sont issus de l’agriculture biologique, local et artisanal dès que possible.

Tous les produits sont issus de l’Agriculture Biologique.

Ingrédients de base :

Plantes sèches ou fraîches produites sur l’exploitation
Produits biologiques, produits locaux (-250km), produits artisanaux

Ingrédients secondaires :

Sucre, vinaigre, sel
Approvisionnement auprès d’un fournisseur de l’UE, approvisionnement auprès d’un fournisseur français
Produits biologiques

Autres ingrédients :

Sésame
Approvisionnement auprès d’un fournisseur hors UE
Produits biologiques

PHOTOS : ©ARH-IFH – ©Nolwenn Roesch – © Henri Pol

Nolwenn Roesch et Georges Pagani

Ferme Simples ‘EN’vies
771 Route d’Avertoux
07190 Beauvène – France

Tél : 04 75 30 64 20

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