Historique de l’Herboristerie et des Herboristes/7

Les plantes sont utilisées depuis la nuit des temps, et accompagnent les hommes pour se nourrir, teindre leurs vêtements et se soigner. Mais quelle est l’histoire de l’herboristerie ? Le métier d’herboriste a-t-il toujours eu sa place dans la société des hommes ?
Cette série de planches didactiques aborde ces thèmes en suivant une ligne chronologique de 9 panneaux, de la Préhistoire au XXIe siècle.

LES AUTEURS :
Ida Bost, chercheuse en ethnologie de la santé, a soutenu une thèse de doctorat en ethnologie sur les pratiques herboristiques.
Carole Brousse, docteur en anthropologie sociale, auteur d’une thèse sur l’herboristerie paysanne en France.
1 - Les syndicalistes organisaient régulièrement des fêtes et des banquets. Ces évènements étaient l’occasion d’inviter des personnalités politiques venues soutenir le certificat. (image extraite de La Revue des herboristes, décembre 1935)
2 - Les syndicalistes développent des outils identitaires. Le timbre « Narcisse » est vendu par la Fédération auprès des syndicalistes, qui l’apposent sur leurs produits afin de faire savoir à leurs clients que leur herboristerie fait partie de la Fédération Nationale des Herboristes de France et des Colonies.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’augmentation croissante du nombre d’herboristes et de pharmaciens alimente la concurrence entre ces deux métiers. Dès 1879, l’Association Générale des Pharmaciens de France soutient plusieurs propositions de loi visant à supprimer le certificat d’herboriste. En réponse, les herboristes s’organisent en 12 syndicats régionaux, chapeautés par une Fédération Nationale des Herboristes de France et des Colonies. Avec l’émergence de l’industrie pharmaceutique et des « spécialités », les syndicalistes cherchent à transformer l’image de l’herboristerie, se revendiquant d’une discipline scientifique. Ils portent désormais des blouses blanches, rangent les plantes dans des contenants, et prennent soin de leurs vitrines. En 1927, la Fédération crée l’École Nationale d’Herboristerie, présentée comme le fleuron du savoir herboristique. Grâce à leurs appuis bien placés (à l’image du ministre Jean Zay ou encore du député Soulier), les herboristes réussissent à contrer les propositions de loi contre le certificat durant plus de 60 ans. Mais à la faveur de la guerre, par la loi du 11 septembre 1941, le certificat est supprimé. Le système syndical avait aussi ses faiblesses : outre des dissensions internes, il était composé presque exclusivement d’hommes, les femmes s’engageant peu dans le syndicalisme. Malgré plusieurs propositions de loi, le certificat ne sera jamais rétabli.

Émile Lemesle fut l’un des plus ardents défenseurs de l’herboristerie syndicale. Secrétaire de la Fédération Nationale des Herboristes de France et des Colonies dès sa création, il est le principal artisan de l’École Nationale d’Herboristerie et son premier directeur. « Il est des hommes devant lesquels il convient de s’incliner parce qu’ils ont été, dans le rayon où leur activité s’est exercée, des entraîneurs : Lemesle fut de cela » écrivait Leuwers, le président du syndicat du Nord, en 1935. Mais des divergences de points de vue entre Leuwers et Lemesle incitent Lemesle à donner sa démission et à quitter le système syndical dès 1935. Sa mort en 1938 passe presque inaperçue. Quel oubli rapide pour un homme qui fut l’artisan majeur de l’herboristerie du XXe siècle !

3 - Un cours de reconnaissance de plantes à l’Ecole Nationale d’Herboristerie. L’utilisation de la verrerie comme de blouses blanches témoignent de la volonté de donner une image plus scientifique à l’herboristerie.

Contrairement à ce que son nom indique, l’ENH était une école privée, contrôlée par la Fédération Nationale des Herboristes de France et des Colonies, créée le 20 octobre 1927. Installée rue du Temple puis rue de Lille, elle offre des cours en journée, le soir et le week-end. Les élèves y étudient de nombreuses disciplines, allant de la botanique générale à la chimie, de l’anatomie à la déontologie. L’enseignement y est de grande qualité : les professeurs sont des médecins, des docteurs en droit, des professeurs de pharmacie, des docteurs et des licenciés en science. Outre les salles de cours, les locaux comprennent un laboratoire, une bibliothèque et un jardin botanique. Un tel enseignement a un coût : l’élève doit dépenser 1 000 francs pour une année de cours. Mais l’école attire une population grandissante, atteignant 124 élèves en 1938. Elle ferme ses portes avec l’arrivée de la guerre et la mobilisation du personnel.

« Il ne sera plus délivré d’inscription pour le diplôme d’herboriste après la date de la publication de la présente loi. S’ils sont Français, les herboristes diplômés à cette date auront le droit de continuer à exercer leur vie durant. »

4 - Carte de la répartition des herboristes diplômés en France en 1916.
5 - L’herboristerie cesse de n’être qu’un guérisseur pour devenir le tenancier d’un magasin moderne.
menthe de Milly (Mentha × piperita L.)

Le XXe siècle voit aussi se développer la spécialisation de certaines régions autour de cultures de plantes médicinales, comme la rose de Provins (Rosa gallica L., Rosaceae), la camomille romaine de Chemillé (Chamaemelum nobile (L.) All., Asteraceae), la menthe de Milly (Mentha × piperita L., Lamiaceae), ou encore le tilleul de Carpentras (Tilia × europaea L., Tiliaceae)

rose de Provins (Rosa gallica L.)
CRÉDITS PHOTOGRAPHIES/IMAGES :
1 – Image extraite de La Revue des Herboristes, décembre 1935.
3 –  Image extraite de La Revue des Herboristes, janvier 1939.
4 – Établie par l’auteur à partir des chiffres donnés par le ministère en 1916, générée à l’aide de l’API Google charts et du langage Python par Tristan Fauriant, ingénieur en informatique.
5 – Dessins humoristiques produits par Les bons producteurs et parus dans «La Revue des Herboristes» de juin 1947.
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